1780 - "Nouveau catéchisme des Francs-Maçons" (La légende d'Hiram)



NOUVEAU CATÉCHISME DES FRANCS-MAÇONS (1780)

LA LÉGENDE D'HIRAM

Mon cher Frère, pour commencer à vous instruire des mystères de la Maîtrise, il est bon de vous dire que notre respectable Maître Adoniram, grand Architecte du Temple de Salomon, possédant les secrets de la Maîtrise, aima mieux souffrir la mort que de révéler les dits secrets. Je pense que vous êtes dans les mêmes sentimens ; c'est pourquoi je me vois forcé de vous traiter de la même manière dont il fut traité par trois scélérats de Compagnons, qui attentèrent à sa vie pour avoir la paye de Maître. Du premier coup il fut étourdi, du second il trébucha, et du troisième il fut renversé. Mon cher Frère, c'est à vous que j'adresse la parole : Vous représentez ici notre très-respectable Maître, reposant dans le Saint des Saints ; c'est ce que je vais vous expliquer par un récit abrégé de la vie et de la mort de ce grand Homme. DAVID, Roi d'Israël, ayant formé le projet d'élever un Temple à l'Eternel, amassa pour cet effet de riches trésors. Mais ce grand œuvre était réservé à son fils SALOMON, à qui Dieu donna le don de sagesse par son esprit, de force par sa puissance, et de beauté par ses richesses. SALOMON ayant pris l'année, le mois et le jour, pour commencer ce grand Edifice, en fit part à HIRAM, Roi de Tyr, son voisin, son ami et son allié, qui lui envoya les Cèdres du Liban tous taillés et prêts à poser ; SALOMON en fit de même dans les carrières, pour les pierres dont il avait besoin pour la construction de son Temple : mais HIRAM lui fit un bien plus précieux don en la personne d'Adoniram, issu de son sang, fils d'une veuve de la tribu de Nephtali ; son père se nommait HUR, excellent ouvrier dans l'Architecture et dans la fonte des métaux. SALOMON connaissant ses vertus, son mérite et ses talents, le distingua par le poste le plus éminent, lui donnant la conduite du Temple, et la direction des Ouvriers. Mais comme les Ouvriers étoient en grand nombre, il les sépara en trois classes, les Apprentis, les Compagnons et les Maîtres, et leur donna à chacun d'eux un signe, une parole et un attouchement, pour pouvoir se faire connoître, et recevoir leur salaire. Trois scélérats de Compagnons, remplis d'avarice et d'envie, voulant toucher la paye de Maître, projetterent de l'avoir de force, ou la vie de notre très-respectable Maître Adoniram. Pour cet effet, l'un se place à la porte de l'occident du Temple, le second à la porte du midi, et le troisième à la porte du nord. Adoniram, selon sa coutume, vers la fin du jour, s'en vint pour faire la visite des travaux, afin d'en rendre compte à SALOMON, et entra dans le Temple par la porte de l'occident, où il trouva le premier de ces malheureux, qui lui demanda avec violence la paye de Maître ou la vie. Adoniram surpris, lui répondit néanmoins avec douceur : Mon Frère, ce n'est point de cette façon que je l'ai acquise ; travaillez, méritez, et vous l'aurez. Non content de cette réponse, ce téméraire le frappa d'un coup de règle, qui le fit fuir vers la porte du midi, où il trouva le second de ces scélérats, qui lui fit la même demande : Adoniram lui fit la même réponse. Ce malheureux le frappa d'un coup de rouleau qui l'étourdit ; et, fuyant vers la porte du nord, il trouva le troisième, qui l'arrêta, en lui demandant la parole de Maître, ou la vie. Mais Adoniram persista avec fermeté et courage à garder son secret : c'est de ce troisième malheureux qu'il reçu un furieux coup de maillet, qui le fit tomber mort vers la porte de l'orient. Ils se rassemblèrent entre eux, se demandèrent la parole de Maître ; voyant qu'ils ne l'avoient pas et, honteux de leur crime, ils enlevèrent le corps de notre respectable Maître, le portèrent hors du Temple, le cachèrent sous des décombres, dans l'intention, furtivement de nuit, de l'enlever et de le porter hors de Jérusalem ; ce qu'ils firent. Trois, cinq et sept jours se passèrent sans que SALOMON vit son grand Architecte ; il en fut fort inquiet, et ordonna à neuf des plus jeunes Maîtres d'aller à la découverte, et de lui en apporter des nouvelles. Trois partirent par la porte de l'orient, trois par la porte du midi, et trois par la porte de l'occident ; ils convinrent entr'eux de ne point s'éloigner les uns des autres plus loin que la voix humaine ne puisse s'entendre. L'un d'eux, fatigué de sa course, et voulant se reposer au pied d'une colline, s'aperçut que la terre étoit fraîchement remuée ; il s'en approcha, et en fouillant, il trouva le corps de notre respectable Maître Adoniram. Il appelle ses camarades qui, à sa voix, s'approchent de lui ; il leur fait part de la triste découverte : mais par respect, n'osant y toucher, ils recouvrirent la fosse, et se trouvant proche de là un arbre nommé Acacia, ils en arrachèrent une branche, la plantèrent sur l'endroit, pour pouvoir le reconnoître, et s'en retournèrent à Jérusalem, rendre compte à SALOMON de la perte de son grand Architecte. SALOMON, pénétré de la plus vive douleur, déchira ses vêtemens, et jura qu'il en seroit fait vengeance : il ordonna à neuf des plus anciens Maîtres, d'aller faire l'exhumation du corps, et de le rapporter à Jérusalem, avec pompe funèbre. Les Maîtres convinrent entr'eux, dans la crainte que par le force des tourmens et violence, le mot de Maître n'eut transpiré, que le premier signe, parole et attouchement qui seroit fait et proféré à la levée du corps, serviroit à l'avenir pour les Maîtres. De plus, ils se revêtirent de tabliers et gants de peau blanche, pour preuve de leur innocence, et qu'ils n'avoient point trempé leurs mains dans le sang innocent. Le plus ancien d'entr'eux s'avança, (en cet endroit, le Vénérable Maître, en continuant son Discours, opère et relève le Récipiendaire en lui donnant l'accolade) et en découvrant le gazon, dont ceci nous sert de symbole, il le prit par JAKIN, mais le doigt lui resta dans la main ; il le prit par BOOZ, de même, la chair étant putréfiée, les os quittèrent la peau ; mais pour plus de fermeté, il le prit par les cinq points de la Maçonnerie, que nous nommons la Grippe, et le releva de cette façon ; pied contre pied, genou contre genou, estomac contre estomac, la main derrière le dos, il proféra ces mots, M. B. qui signifie, le corps est corrompu; ils le rapportèrent à Jérusalem, où SALOMON, pour récompenser ses vertus, son mérite et ses talens, le fit inhumer dans le sanctuaire du Temple, et fit mettre sur son tombeau une médaille d'or en forme de triangle, où étoit gravé JEHOVA, l'ancien mot de Maître, qui signifie le nom de Dieu en Hébreu. Son cercueil étoit de marbre noir, de sept pieds de long, cinq de large et trois de profondeur.


Par 1780 NOUVEAU CATHECHISME

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