GUENON A propos du Grand Architecte de l'Univers




À PROPOS DU GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS


René Guénon


Paru dans La Gnose, juillet, août 1911,
sous la signature "T Palingenius"


Vers la fin de notre précédente étude (1), nous avons fait allusion à certains astronomes contemporains à qui il arrive parfois de s’écarter du domaine qui leur est propre, pour se livrer à des digressions empreintes d’une philosophie qu’il n’est certes pas injuste de déclarer toute sentimentale, car elle est essentiellement poétique dans son expression. Qui dit sentimentalisme dit toujours anthropomorphisme, car il en est de plusieurs sortes ; et celui dont nous parlons a ceci de particulier qu’il s’est d’abord manifesté comme une réaction contre la cosmogonie géocentrique des religions révélées et dogmatiques, pour aboutir aux conceptions étroitement systématiques de savants qui veulent borner l’Univers à la mesure de leur compréhension actuelle (2), d’une part, et, d’autre part, à des croyances pour le moins aussi singulières et peu rationnelles (en raison même de leur caractère tout sentimental de croyances) que celles qu’elles prétendent remplacer (3). Sur l’un et sur l’autre de ces deux produits d’une même mentalité, nous aurons également à revenir par la suite ; mais il est bon de constater qu’ils s’unissent parfois, et il est à peine besoin de rappeler, pour en donner un exemple, la fameuse « religion positiviste » qu’Auguste Comte institua vers la fin de sa vie. Qu’on ne croie point, d’ailleurs, que nous sommes hostile le moins du monde aux positivistes ; nous avons au contraire pour eux, quand ils sont strictement positivistes (4), et alors même que leur positivisme reste forcément incomplet, une tout autre estime que pour les philosophes doctrinaires modernes, qu’ils se déclarent monistes ou dualistes, spiritualistes ou matérialistes.

Mais revenons à nos astronomes ; parmi eux, l’un des plus connus du grand public (et c’est pour ce seul motif que nous le citons de préférence à tout autre, eût-il une valeur scientifique bien supérieure) est assurément M. Camille Flammarion, que nous voyons, même dans ceux de ses ouvrages qui sembleraient devoir être purement astronomiques, écrire des choses comme celles-ci :

« … Si les mondes mouraient pour toujours, si les soleils une fois éteints ne se rallumaient plus, il est probable qu’il n’y aurait plus d’étoiles au ciel.

« Et pourquoi ?

« Parce que la création est si ancienne, que nous pouvons la considérer comme éternelle dans le passé (5). Depuis l’époque de leur formation, les innombrables soleils de l’espace ont eu largement le temps de s’éteindre. Relativement à l’éternité passée (sic), il n’y a que les nouveaux soleils qui brillent. Les premiers sont éteints. L’idée de succession s’impose donc d’elle-même à notre esprit (6).

« Quelle que soit la croyance intime que chacun de nous ait acquise dans sa conscience sur la nature de l’Univers, il est impossible d’admettre l’ancienne théorie d’une création faite une fois pour toutes (7). L’idée de Dieu n’est-elle pas, elle-même, synonyme de l’idée de Créateur ? Aussitôt que Dieu existe, il crée ; s’il n’avait créé qu’une fois, il n’y aurait plus de soleils dans l’immensité, ni de planètes puisant autour d’eux la lumière, la chaleur, l’électricité et la vie (8). Il faut, de toute nécessité, que la création soit perpétuelle (9). Et, si Dieu n’existait pas, l’ancienneté, l’éternité de l’Univers s’imposerait avec plus de force encore (10). »

L’auteur déclare que l’existence de Dieu est « une question de philosophie pure et non de science positive », ce qui ne l’empêche pas de vouloir démontrer ailleurs (11), sinon scientifiquement, du moins par des arguments scientifiques, cette même existence de Dieu, ou plutôt d’un dieu, devrions-nous dire, et encore d’un dieu fort peu lumineux (12), puisqu’il n’est qu’un aspect du Démiurge ; c’est l’auteur lui-même qui le déclare, en affirmant que, pour lui, « l’idée de Dieu est synonyme de celle de Créateur », et, quand il parle de création, c’est toujours du monde physique seulement qu’il s’agit, c’est-à-dire du contenu de l’espace que l’astronome a la possibilité d’explorer avec son télescope (13). Du reste, il est des savants qui ne s’affirment athées que parce qu’il leur est impossible de se faire de l’Être Suprême une autre conception que celle-là, laquelle répugne trop fortement à leur raison (ce qui témoigne du moins en faveur de celle-ci) ; mais M. Flammarion n’est point de ce nombre, puisque, au contraire, il ne perd aucune occasion de faire une profession de foi déiste. Ici même, aussitôt après le passage que nous avons précédemment cité, il est conduit, par des considérations empruntées d’ailleurs à une philosophie tout atomiste, à formuler cette conclusion : « la vie est universelle et éternelle » (14). Il prétend en être arrivé là par la science positive seule (au moyen de combien d’hypothèses !) ; mais il est assez singulier que cette même conclusion ait été depuis longtemps affirmée et enseignée dogmatiquement par le Catholicisme, comme relevant exclusivement du domaine de la foi (15). Si la science et la foi devaient se rejoindre si exactement, était-ce bien la peine de reprocher avec tant d’acrimonie à cette religion les quelques tracasseries que Galilée eut jadis à subir de la part de ses représentants pour avoir enseigné la rotation de la Terre et sa révolution autour du Soleil, opinions contraires à un géocentrisme que l’on voulait alors appuyer sur l’interprétation exotérique (et erronée) de la Bible, mais dont, à notre époque, les plus ardents défenseurs (car il y en a encore) ne se trouvent peut-être plus parmi les fidèles des religions révélées (16) ?

Voyant M. Flammarion mêler ainsi le sentimentalisme à la science sous prétexte de « spiritualisme », nous ne pouvons pas être surpris qu’il en soit arrivé assez rapidement à un « animisme » qui, comme celui d’un Crookes, d’un Lombroso (à la fin de sa vie) ou d’un Richet (autant d’exemples de l’échec de la science expérimentale en face de la mentalité formée depuis longtemps en Occident par l’influence des religions anthropomorphiques), ne diffère guère du spiritisme ordinaire que pour la forme, pour sauver les apparences « scientifiques ». Mais ce qui pourrait étonner davantage, si l’on ne songeait que la conception d’un Dieu individuel, plus encore que « personnel », ne saurait satisfaire toutes les mentalités, ni même toutes les sentimentalités, ce qui, disons-nous, étonnerait peut-être davantage, c’est de retrouver cette même « philosophie scientifique » sur laquelle M. Flammarion édifie son néo-spiritualisme, et exposée en des termes presque identiques, sous la plume d’autres savants qui s’en servent précisément pour justifier au contraire une conception matérialiste de l’Univers. Bien entendu, nous ne pouvons pas plus donner raison aux uns qu’aux autres, car le spiritualisme et le « vitalisme » ou l’« animisme » des uns sont tout aussi étrangers à la pure métaphysique que le matérialisme et le « mécanisme » des autres, et tous se font de l’Univers des conceptions également bornées, quoique de façons diverses (17) ; tous prennent pour l’infini et l’éternité ce qui n’est en réalité que l’indéfinité spatiale et l’indéfinité temporelle. « La création se développe dans l’infini et dans l’éternité », écrit en effet M. Flammarion (18), et nous savons dans quel sens restreint il entend la création ; laissons-le sur cette affirmation, et venons-en maintenant, sans plus tarder, à ce qui a été l’occasion du présent article.
Dans L’Acacia de mars dernier, a paru un article du F∴ M.-I. Nergal sur La question du Grand Architecte de l’Univers, question qui avait déjà été traitée précédemment (19) dans la même revue, par le regretté F∴ Ch.-M. Limousin et par le F∴ Oswald Wirth ; nous en avons dit quelques mots il y a plus d’un an (20).

Or, si nous avons cité M. Flammarion comme simple exemple de la tendance néo-spiritualiste de certains savants contemporains, nous pouvons bien prendre le F∴ Nergal pour exemple de la tendance matérialiste de certains autres. En effet, lui-même s’affirme nettement tel, rejetant toutes les autres dénominations qui (comme celle de « moniste », notamment) pourraient laisser place à quelque équivoque ; et l’on sait que, en réalité, les véritables matérialistes sont fort peu nombreux. Encore leur est-il bien difficile de conserver toujours une attitude strictement logique : alors qu’ils croient être des esprits rigoureusement scientifiques (21), leur conception de l’Univers n’est qu’une vue philosophique comme une autre, dans la construction de laquelle entrent bon nombre d’éléments d’ordre sentimental ; il en est même parmi eux qui vont si loin dans le sens de la prépondérance accordée (au moins pratiquement) au sentimentalisme sur l’intellectualité, que l’on peut trouver des cas de véritable mysticisme matérialiste. N’est-ce pas, en effet, un concept éminemment mystique et religieux que celui d’une morale absolue (ou soi-disant telle), qui peut exercer sur la mentalité d’un matérialiste une influence assez puissante pour lui faire avouer que, alors même qu’il n’aurait aucun motif rationnel d’être matérialiste, il le demeurerait cependant encore, uniquement parce qu’il est « plus beau » de « faire le bien » sans espoir d’aucune récompense possible ? C’est là, assurément, une de ces « raisons » que la raison ignore, mais nous croyons bien que le F∴ Nergal lui-même accorde une trop grande importance aux considérations d’ordre moral pour dénier toute valeur à un tel argument (22).

Quoi qu’il en soit, dans l’article auquel nous venons de faire allusion, le F∴ Nergal définit l’Univers comme « l’ensemble des mondes qui gravitent à travers les infinis (sic) » (23) ; ne croirait-on pas entendre M. Flammarion ? C’est précisément sur une affirmation équivalente à celle-ci que nous avons laissé ce dernier, et nous en faisons la remarque tout d’abord pour rendre manifeste la similitude de certaines conceptions chez des hommes qui, en raison de leurs tendances individuelles respectives, en déduisent des doctrines philosophiques diamétralement opposées.

Nous avons pensé que la question du Grand Architecte de l’Univers, d’ailleurs étroitement liée aux considérations qui précèdent, était de celles sur lesquelles il est bon de revenir parfois, et, puisque le F∴ Nergal souhaite que son article puisse motiver des réponses, nous exposerons ici quelques-unes des réflexions qu’il nous a suggérées, cela sans aucune prétention dogmatique, bien entendu, car l’interprétation du symbolisme maçonnique n’en saurait admettre (24).

Nous avons déjà dit que, pour nous, le Grand Architecte de l’Univers constitue uniquement un symbole initiatique, qu’on doit traiter comme tous les autres symboles, et dont on doit, par conséquent, chercher avant tout à se faire une idée rationnelle (25) ; c’est dire que cette conception ne peut rien avoir de commun avec le Dieu des religions anthropomorphiques, qui est non seulement irrationnel, mais même antirationnel (26). Cependant, si nous pensons que « chacun peut attribuer à ce symbole la signification de sa propre conception philosophique » ou métaphysique, nous sommes loin de l’assimiler à une idée aussi vague et insignifiante que « l’Inconnaissable » d’Herbert Spencer, ou, en d’autres termes, à « ce que la science ne peut atteindre » ; et il est bien certain que, comme le dit avec raison le F∴ Nergal, « si personne ne conteste qu’il existe de l’inconnu (27), rien absolument ne nous autorise à prétendre, comme quelques-uns le font, que cet inconnu représente un esprit, une volonté ». Sans doute, « l’inconnu recule » et peut reculer indéfiniment ; il est donc limité, ce qui revient à dire qu’il ne constitue qu’une fraction de l’Universalité ; par suite, une telle conception ne saurait être celle du Grand Architecte de l’Univers, qui doit, pour être vraiment universelle, impliquer toutes les possibilités particulières contenues dans l’unité harmonique de l’Être Total (28).

Le F∴ Nergal a raison encore lorsqu’il dit que souvent « la formule du Grand Architecte ne correspond qu’à un vide absolu, même chez ceux qui en sont partisans », mais il est peu vraisemblable qu’il en ait été de même chez ceux qui l’ont créée, car ils ont dû vouloir inscrire au fronton de leur édifice initiatique autre chose qu’un mot vide de sens. Pour retrouver leur pensée, il suffit évidemment de se demander ce que signifie ce mot en lui-même, et, à ce point de vue précisément, nous le trouvons d’autant mieux approprié à l’usage qui en est fait qu’il correspond admirablement à l’ensemble du symbolisme maçonnique, qu’il domine et éclaire tout entier, comme la conception idéale qui préside à la construction du Temple Universel.

Le Grand Architecte, en effet, n’est pas le Démiurge, il est quelque chose de plus, infiniment plus même, car il représente une conception beaucoup plus élevée : il trace le plan idéal (29) qui est réalisé en acte, c’est-à-dire manifesté dans son développement indéfini (mais non infini), par les êtres individuels qui sont contenus (comme possibilités particulières, éléments de cette manifestation en même temps que ses agents) dans son Être Universel ; et c’est la collectivité de ces êtres individuels, envisagée dans son ensemble, qui, en réalité, constitue le Démiurge, l’artisan ou l’ouvrier de l’Univers (30). Cette conception du Démiurge, qui est celle que nous avons précédemment exposée dans une autre étude, correspond, dans la Qabbalah, à l’Adam Protoplastes (premier formateur) (31), taudis que le Grand Architecte est identique à l’Adam Qadmon, c’est-à-dire à l’Homme Universel (32). Ceci suffit à marquer la profonde différence qui existe entre le Grand Architecte de la Maçonnerie, d’une part, et, d’autre part, les dieux des diverses religions, qui ne sont tous que des aspects divers du Démiurge. C’est d’ailleurs à tort que, au Dieu anthropomorphe des Chrétiens exotériques, le F∴ Nergal assimile Jéhovah, c’est-à-dire יהוה , l’Hiérogramme du Grand Architecte de l’Univers lui-même (dont l’idée, malgré cette désignation nominale, demeure beaucoup plus indéfinie que l’auteur ne peut même le soupçonner), et Allah, autre Tétragramme dont la composition hiéroglyphique désigne très nettement le Principe de la Construction Universelle (33) ; de tels symboles ne sont nullement des personnifications, et ils le sont d’autant moins qu’il est interdit de les représenter par des figures quelconques.

D’autre part, d’après ce que nous venons de dire, on voit que, en réalité, on n’a fait que vouloir remplacer la formule anciennement en usage, « À la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » (ou « du Sublime Architecte des Mondes », au Rite Égyptien), par d’autres formules exactement équivalentes, lorsqu’on a proposé d’y substituer ces mots : « À la Gloire de l’Humanité », celle-ci devant alors être comprise dans sa totalité, qui constitue l’Homme Universel (34), ou même : « À la Gloire de la Franc-Maçonnerie Universelle », car la Franc-Maçonnerie, au sens universel, s’identifie à l’Humanité intégrale envisagée dans l’accomplissement (idéal) du Grand OEuvre constructif (35).

Nous pourrions nous étendre encore beaucoup plus longuement sur ce sujet, qui est naturellement susceptible de développements indéfinis ; mais, pour conclure pratiquement, nous dirons que l’athéisme en Maçonnerie n’est et ne peut être qu’un masque, qui, dans les pays latins et particulièrement en France, a sans doute eu temporairement son utilité, on pourrait presque dire sa nécessité, et cela pour des raisons diverses que nous n’avons pas à déterminer ici, mais qui aujourd’hui est devenu plutôt dangereux et compromettant pour le prestige et l’influence extérieure de l’Ordre. Ce n’est point à dire, pourtant, qu’on doive pour cela, imitant la tendance piétiste qui domine encore la Maçonnerie anglo-saxonne, demander l’institution d’une profession de foi déiste, impliquant la croyance en un Dieu personnel et plus ou moins anthropomorphe. Loin de nous une pareille pensée ; bien plus, si une pareille déclaration venait jamais à être exigée dans une Fraternité initiatique quelconque, nous serions assurément le premier à refuser d’y souscrire. Mais la formule symbolique de reconnaissance du G∴ A∴ de l’U∴ ne comporte rien de semblable ; elle est suffisante, tout en laissant à chacun la parfaite liberté de ses convictions personnelles (caractère qu’elle a d’ailleurs en commun avec la formule islamite du Monothéisme) (36), et, au point de vue strictement maçonnique, on ne peut raisonnablement rien exiger de plus ni d’autre que cette simple affirmation de l’Être Universel, qui couronne si harmonieusement l’imposant édifice du symbolisme rituélique de l’Ordre.


NOTES

(1) Voir Le Symbolisme de la Croix, 2e année, n° 6, p. 166.

(2) « L’homme est la mesure de toutes choses », a dit un philosophe grec ; mais il est bien évident que ceci doit s’entendre en réalité, non de l’homme individuel contingent, mais de l’Homme Universel.

(3) Citons comme exemple, pour ne pas sortir des conceptions directement suggérées par l’astronomie, l’étrange théorie de la migration de l’être individuel à travers les divers systèmes planétaires ; il y a là une erreur tout à fait analogue à celle de la réincarnation (voir à ce propos 2e année, n° 3, p. 94, note 1[ (note 6)]). Pour l’exposé de cette conception, outre les ouvrages de M. Flammarion, voir Figuier, Le Lendemain de la Mort ou la Vie future selon la Science.

(4) Mais, bien entendu, le positiviste, s’il veut rester toujours logique avec lui-même, ne peut jamais prendre, en quelque façon que ce soit, une attitude négatrice, autrement dit systématique (car qui dit négation dit limitation, et réciproquement).

(5) C’est une singulière conception que celle d’une soi-disant éternité temporelle, qui se compose de durées successives, et qui semble se partager en deux moitiés, l’une passée et l’autre future ; ce n’est là, en réalité, que l’indéfinité de la durée, à laquelle correspond l’immortalité humaine. Nous aurons l’occasion de revenir sur cette idée d’une pseudo-éternité divisible, et sur les conséquences qu’ont voulu en tirer quelques philosophes contemporains.

(6) Il est presque superflu d’attirer l’attention sur la quantité de pures hypothèses qui sont accumulées dans ces quelques lignes.

(7) On se demande au nom de quel principe est proclamée cette impossibilité, dès lors qu’il s’agit d’une croyance (le mot y est), c’est-à-dire de quelque chose qui ne relève que de la conscience individuelle.

(8) Il résulte visiblement de cette phrase que, pour l’auteur, Dieu a un commencement et est soumis au temps, ainsi d’ailleurs qu’à l’espace.

(9) Mais perpétuel, qui n’implique que la durée indéfinie, n’est nullement synonyme d’éternel, et une ancienneté, si grande soit-elle, n’a aucun rapport avec l’éternité.

(10) Astronomie populaire, pp. 380 et 381.

(11) Dieu dans la Nature, ou « le Spiritualisme et le Matérialisme devant la Science moderne ».

(12) On sait que le mot Dieu dérive du sanscrit Dêva, qui signifie « lumineux » ; il est d’ailleurs bien entendu qu’il s’agit ici de la Lumière spirituelle, et non de la lumière physique qui n’en est qu’un symbole.

(13) En effet, la science moderne n’admet, du moins en principe, que ce qui est susceptible de tomber sous le contrôle d’un ou plusieurs des cinq sens corporels ; de son point de vue étroitement spécialisé, tout le reste de l’Univers est purement et simplement considéré comme inexistant.

(14) Astronomie populaire, p. 387.

(15) Nous reviendrons sur cette question de la « vie éternelle » ; mais nous pouvons faire remarquer dès maintenant que cette prétendue éternisation d’une existence individuelle contingente n’est que la conséquence d’une confusion entre l’éternité et l’immortalité. D’ailleurs, cette illusion est plus facilement excusable, dans une certaine mesure, que celle des spirites et autres psychistes, qui croient pouvoir démontrer l’immortalité « scientifiquement », c’est-à-dire expérimentalement, tandis que l’expérience ne pourra évidemment jamais prouver plus ni mieux qu’une survivance de quelques éléments de·l’individualité, après la mort de l’élément corporel physique ; il convient d’ajouter que, au point de vue de la science positive, même cette simple survivance d’éléments matériels est encore bien loin d’être solidement établie, malgré les prétentions des diverses écoles néo-spiritualistes.

(16) Nous faisons notamment allusion ici à certains groupes d’occultistes, dont les théories sont d’ailleurs trop peu sérieuses pour qu’on leur consacre le moindre développement; cette simple indication suffira certainement pour mettre nos lecteurs en garde contre les élucubrations de ce genre.

(17) Il y aurait de curieuses remarques à faire sur les différentes limitations de l’Univers conçues par les savants et les philosophes modernes ; c’est là une question que nous traiterons peut-être quelque jour.

(18) Astronomie populaire, p. 211.

(19) En 1908.

(20) L’Orthodoxie Maçonnique, 1ère année, n° 6, p. 107.

(21) S’ils l’étaient réellement, ils se borneraient à être uniquement positivistes, sans plus se préoccuper du matérialisme que du spiritualisme, les affirmations (et aussi les négations) de l’un comme celles de l’autre dépassant la portée de l’expérience sensible.

(22) Dans l’article même dont il est ici question, le F∴ Nergal parle de « l’idéal de beauté et de sentiment qu’ont en perspective les sincérités aux fortes et profondes convictions fondées sur les méthodes et disciplines scientifiques », sincérités qu’il oppose à celle « du spiritualisme du F∴ G…, fruit naturel de son éducation littéraire ».

(23) On pourrait croire qu’il y a ici une universalisation excessive de la loi de gravitation, si l’on ne réfléchissait que, pour l’auteur comme pour M. Flammarion, il ne s’agit jamais que de l’Univers physique, relevant du domaine de l’astronomie, qui n’est qu’un des éléments de la manifestation universelle, et qui n’est nullement infini ; encore moins remplit-il une pluralité d’infinis, dont la coexistence est d’ailleurs une pure et simple impossibilité (voir Le Démiurge, 1ère année, n° 1, p. 8).

(24) Voir L’Orthodoxie Maçonnique, 1ère année, n° 6, p. 106 (citation du Rituel interprétatif pour le Grade d’Apprenti).

(25) Voir L’Orthodoxie Maçonnique, 1ère année, n° 6, p. 107.

(26) Ce que nous disons ici de l’anthropomorphisme peut s’appliquer également au sentimentalisme en général, et au mysticisme sous toutes ses formes.

(27) Ceci, bien entendu, par rapport aux individualités humaines considérées dans leur état actuel ; mais « inconnu » ne veut pas nécessairement dire « inconnaissable » : rien n’est inconnaissable lorsqu’on envisage toutes choses du point de vue de l’Universalité.

(28) Il ne faut pas oublier que, comme nous l’avons déjà fait remarquer à maintes reprises, la possibilité matérielle n’est qu’une de ces possibilités particulières, et qu’il en existe une indéfinité d’autres, chacune d’elles étant également susceptible d’un développement indéfini dans sa manifestation, c’est-à-dire en passant de la puissance à l’acte (voir en particulier Le Symbolisme de la Croix, 2e année, nos 2 à 6).

(29) « L’Architecte est celui qui conçoit l’édifice, celui qui en dirige la construction », dit le F∴ Nergal lui-même. et, sur ce point encore, nous sommes parfaitement d’accord avec lui ; mais, si l’on peut dire, en ce sens, qu’il est véritablement « l’auteur de l’oeuvre », il est pourtant évident qu’il n’en est pas matériellement (ou formellement, d’une façon plus générale) « le créateur », car l’architecte, qui trace le plan, ne doit pas être confondu avec l’ouvrier qui l’exécute ; c’est exactement, à un autre point de vue, la différence qui existe entre la Maçonnerie spéculative et la Maçonnerie opérative.

(30) Voir notre étude sur Le Démiurge, 1ère année, nos 1 à 4.

(31) Et non pas « premier formé », comme on l’a dit quelquefois à tort, et en commettant un contresens manifeste dans la traduction du terme grec Protoplastes.

(32) Voir Le Démiurge, 1ère année, n° 2, pp. 25 à 27.

(33) En effet, symboliquement, les quatre lettres qui forment en arabe le nom d’ALLaH équivalent respectivement à la règle, à l’équerre, au compas et au cercle, ce dernier étant remplacé par le triangle dans la Maçonnerie à symbolisme exclusivement rectiligne (voir L’Universalité en l’Islam, 2e année, n° 4, p. 126).

(34) Il va sans dire que, en fait, chaque individu se fera de l’Humanité intégrale une conception qui sera plus ou moins limitée, suivant l’étendue actuelle de sa perception intellectuelle (ce que nous pourrions appeler son « horizon intellectuel ») ; mais nous n’avons à considérer la formule que dans son sens vrai et complet, en la dégageant de toutes les contingences qui déterminent les conceptions individuelles.

(35) Nous devons faire remarquer que le premier précepte du Code Maçonnique est exactement formulé ainsi : « Honore le G∴ A∴ de l’U∴ », et non pas : « Adore le G∴ A∴ de l’U∴ », ceci afin d’écarter jusqu’à la moindre apparence d’idolâtrie. Ce n’en serait, en effet, qu’une apparence, car, comme le prouvent d’ailleurs les considérations que nous exposons ici, la formule impliquant l’adoration serait suffisamment justifiée par la doctrine de l’« Identité Suprême », qui, envisagée dans ce sens, peut s’exprimer en une équation numérique (littérale) bien connue dans la Qabbalah musulmane. D’après le Qorân lui-même, Allah « commanda aux Anges d’adorer Adam, et ils l’adorèrent ; l’orgueilleux Iblis refusa d’obéir, et (c’est pourquoi) il fut au nombre des infidèles » (ch. II, v. 32). – Une autre question, connexe à celle-là, et qui serait intéressante, au double point de vue rituélique et historique, pour déterminer la signification et la valeur originelles du symbole du G∴ A∴, serait de rechercher si l’on doit régulièrement dire : « À la Gloire du G∴ A∴ de l’U∴ », suivant l’usage qui avait prévalu dans la Maçonnerie française, ou bien, selon la formule anglaise : « Au Nom du G∴ A∴ de l’U∴ » (I. T. N. O. T. G. A. O. T. U.).

(36) Il ne faut pas confondre « théisme » avec « déisme », car le Θεός grec comporte une signification beaucoup plus universelle que le Dieu des religions exotériques modernes ; nous aurons d’ailleurs plus tard l’occasion de revenir sur ce point.




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