ELUS COHEN Discours d'instruction


 Sceau Elu Coën


Ordre des Chevaliers Maçons 
Élus Coëns de l'Univers 


Discours d'instruction
à un nouveau reçu sur les trois grades
d'apprenti, compagnon et maître symboliques

     
Mon frère, on vous a dit dans votre premier examen que l'Ordre renfermait des connaissances sublimes et les plus capables de satisfaire l'homme qui pense à connaître la noblesse de notre origine, la dignité de l'excellence de notre être, la fin pour laquelle vous avez été créé, la gloire du premier état de l'homme tant qu'il s'est maintenu dans la justice, le genre de prévarication dont il s'est rendu coupable envers le Créateur, la juste punition qu'il en a reçu dont nous éprouverons les effets jusqu'à la fin des temps, et enfin les moyens de réacquérir une partie des droits dont il a déchu, s'il s'en rend digne. Tels sont, mon frère, les objets sur lesquels l'Ordre se propose de vous instruire, à mesure que vous le mettrez en état par votre propre travail et vos progrès de le faire sans imprudence, sans indiscrétion.

Dans les grades que vous venez de recevoir, vous nous avez retracé les emblèmes de l'incorporisation du premier homme dans son premier état de gloire, de sa prévarication, du juste châtiment qu'il en a reçu et qu'il a rendu réversible sur toute sa postérité et de sa réconciliation avec le Créateur. Vous nous avez encore retracé les emblèmes de la création de cet univers physique de matière apparente, de la composition et destruction des corps et enfin de la réintégration de cette même matière apparente à son premier principe. Je vais vous tracer une légère esquisse des principales cérémonies qui ont été faites sur vous et qui ont dû en partie échapper à votre attention ; gravez-les bien dans votre mémoire pour les méditer en paix et en silence, afin que vous puissiez en retirer avec le temps tout le fruit que je vous souhaite.

Vous avez été placé au centre de six circonférences et du double triangle, ni nu ni vêtu, dénué de tous métaux, les genoux relevés et les poings sur les yeux, et enveloppé de trois tapis, blanc, rouge et noir.
L'attitude dans laquelle vous avez été placé, la même à peu près que celle de l'enfant dans le sein de sa mère, par laquelle vous avez formé un triple triangle, vous représente la matière dans son premier état d'indifférence, ou les essences spiritueuses destinées à la construction de cet univers physique de matière apparente, et à la production de tous les corps qui y sont contenus, indifférence qui n'a cessé qu'après que l'esprit du Créateur y eut répandu par son action doublement puissante la vie et le mouvement qui devaient en lier les parties, y donner l'ordre et l'arrangement selon le plan qui en avait été conçu dans l'imagination du Créateur, pour subsister pendant tout le temps dont il a fixé par un décret immuable la durée.

Les six cercles ou circonférences que vous avez vu tracés autour de vous, vous rappellent les six immenses pensées du Créateur qui ont produit la création universelle, voilée par les six jours dont Moïse fait mention dans la Genèse. Vous devez concevoir, mon frère, que le Créateur étant éternel, il n'y a point de temps pour lui, qu'un seul instant lui suffit pour opérer tous les actes de sa volonté, et que par conséquent il n'avait nul besoin de cet intervalle de temps que nous appelons « jour ». Ces six jours ne sont donc autre chose qu'un voile que Moïse a donné pour couvrir les moyens secrets que l'Éternel a employés pour la construction de son temple universel, et les six pensées divines qui l'ont produit, que nous apprenons à connaître par l'addition mystérieuse des trois facultés puissantes et distinctes qui sont en lui, la pensée la volonté et l'action. Réfléchissez sur ces trois facultés, vous les trouverez de même innées dans l'homme, et vous verrez que ce n'est pas à tort que l'on vous enseigne qu'il a été créé à l'image de Dieu, puisqu'elles sont le caractère qui le distingue seul et unique de tous les autres animaux et vous y trouverez peut-être aussi en quoi consiste cette ressemblance divine pareillement innée en lui, qui complète le nombre parfait de ses facultés que je ne puis vous expliquer encore.

Ce voile donné par Moise est si grossier, que Moïse lui-même en le déployant n'a pas craint d'y mettre une contradiction évidente, puisqu'il place seulement au quatrième jour la création des deux astres lumineux qui par leur cours périodique fixent l'intervalle de temps que nous appelons jour. Qu'étaient donc selon lui les trois intervalles qui ont précédé le quatrième ? Pouvons-nous penser qu'un homme si éclairé soit tombé sans dessein dans une si grande absurdité ? Nous devons bien plutôt croire qu'il a voulu en quelque sorte forcer les hommes de désir qu'il voulait instruire à chercher eux-mêmes le sens mystérieux qu'il y renfermait. Vous devez conclure par ce seul exemple sur lequel je me suis un peu étendu pour votre instruction, que Moïse a tenu la même conduite dans beaucoup d'endroits de ses écrits, dont vous devez souvent abandonner la lettre, et surtout dans ce qu'il enseigne sur le genre de prévarication d'Adam qui a produit dans toute sa postérité, ce que nous appelons le péché originel. Il nous représente le premier homme au moment où il fut tenté, revêtu d'une nature glorieuse et incorruptible. Certes, dans cet état, une pomme devait avoir peu d'attraits pour lui et il ne pouvait guère en faire usage; mais quel que soit le genre de sa prévarication, nous y verrons toujours une désobéissance atroce et un abus de sa puissance qui est devenu et a dû devenir bien funeste à toute sa postérité.

En effet, quand vous serez parvenu à connaître l'espèce du crime qu'il a commis, à concevoir toute son énormité, vous verrez combien l'homme est injuste d'accuser la Divinité d'être l'auteur des maux infinis qu'il éprouve dans cette vie passagère. Vous serez moins étonné de la juste punition qu'il subit dans les ténèbres où il est enseveli, que de l'infinie miséricorde du Créateur qui même en punissant sa créature, lui a ménagé des moyens de réacquérir ce qu'elle a perdu par sa faute. Tel est l'effet de l'aveuglement humain que l'incrédulité de la plupart des hommes est fondée sur leur répugnance à profiter de ces moyens, sans prendre garde que cette répugnance ne leur est point naturelle, et qu'elle leur est suggérée par leur ennemi commun, qui non content d'avoir séduit le premier homme, s'efforce continuelle¬ment de tenir toute sa postérité dans ses chaînes, en lui obscurcissant le jugement, en étouffant autant qu'il est en lui ce germe de la Vérité éternelle qui est gravé dans nous. Cette incrédulité si condamnable prend encore sa source dans les livres même que Moïse a écrit pour nous instruire. Comme un médecin habile qui proportionne les remèdes et les aliments à l'état et au tempérament de ses malades, ce grand homme rempli de l'esprit de Dieu a voilé les faits qu'il voulait transmettre, pour ménager la faiblesse de ceux qu'il voulait instruire. Il a craint de montrer une lumière trop vive à des yeux trop faibles pour la soutenir. Cette prudence a fourni des armes aux incrédules : quelquefois forcés de reconnaître en lui une étendue de génie, de sagesse, et de puissance supérieure au reste des hommes, ils se sont plus à ramasser toutes les contradictions apparentes qu'ils ont pu trouver dans ses écrits pour atténuer la force et la pureté de sa doctrine. Quelques-uns même sont allés jusqu'à nier son existence quoique attestée par une nation entière qui a été le témoin des merveilles qu'il a opérées en sa faveur ; et joignant l'impiété à l'incrédulité, ils ont mieux aimé tourner en ridicules les faits les plus respectables que leur ignorance ne pouvait concevoir, que de chercher de bonne foi et dans la simplicité du cœur à pénétrer le voile mystérieux dont l'écrivain sacré a voulu les couvrir.

Rendez grâce à l'Éternel qui par sa bonté infinie a réveillé en vous le désir de connaître la vérité, qui vous a conduit dans ce temple qui sera pour vous un asile contre les erreurs du siècle, où vous viendrez méditer dans le silence et la paix, sa loi sainte et ses oeuvres.

Je passe à l'explication du double triangle qui est formé par deux triangles équilatéraux, lesquels méritent chacun une explication particulière.

Le triangle équilatéral est de tous les emblèmes donnés aux hommes celui pour lequel ils ont eu de tout temps la plus profonde vénération quoiqu'ils aient erré quelque fois sur l'application qu'ils en ont fait. Il n'en est pas moins respectable puisqu'il leur représente le principe de toutes choses créées ou la trinité temporelle qu'ils ont confondue avec la trinité spirituelle. L'esprit pur et simple n'a ni forme ni figure visible aux yeux de la matière. Celle du triangle ne peut donc lui appartenir, elle ne peut convenir qu'aux productions temporelles comprises dans la création universelle. Aussi, l'Ordre nous enseigne que le premier des deux triangles sur lesquels vous avez été placé ne représente autre chose sinon les trois principes qui constituent les corps, qui sont soufre, sel et mercure, ou les trois éléments d'où ils sont provenus, qui sont le feu, l'eau et la terre, ou enfin les trois essences que nous nommons spiritueuses, qui ont coopéré à la production de toute forme corporelle, soit dans le terrestre, soit dans le céleste. Les hommes, à mesure qu'ils se sont éloignés de leur principe, se sont accoutumés à croire que la matière existait nécessairement par elle-même et que par conséquent, elle ne pourrait être détruite totalement. Si telle est votre opinion, c'est un des premiers sacrifices que vous avez à faire pour parvenir aux connaissances auxquelles vous aspirez.

En effet, si vous attribuez à la matière une existence réelle qu'elle n'eut jamais, c'est la rendre éternelle comme Dieu ; c'est attaquer l'unité indivisible du Créateur en qui vous admettez d'une part un être spirituel pur et simple, éternel, et un être matériel éternel comme lui, ce qui est absurde à penser. Mais je vous apprendrai que le Créateur voulant punir l'orgueil et la prévarication des premiers esprits qu'il avait émanés de son sein et établir pour eux un lieu de privation où ils exerceraient pour un temps immémorial toute leur malice et tout le pouvoir qui était inné en eux dès leur émanation, conçut dans son imagination le plan de cet univers physique pour leur servir de borne et les séparer de sa Cour divine. Il émancipa de son immensité divine des êtres spirituels avec la faculté de produire les trois essences spiritueuses qui devaient servir de base à toute forme corporelle. Ces esprits que nous nommons esprits de l'axe feu central ou feu incréé produisirent en effet selon la faculté qui était innée en eux et la volonté du Créateur ces trois essences spiritueuses, mais elles restèrent dans un état d'indifférence en aspect les unes des autres et formèrent ce que nous appelons le chaos, jusqu'à ce que l'Esprit doublement puissant ou l'action directe du Créateur eut par sa descente dans ce chaos donné la vie et le mouvement à tout ce qui y était contenu et en eut évité l'explosion pour sa retraite. Dès lors, tout prit forme et chaque partie prit l'arrangement qui lui était assigné par la volonté divine.

Ce sont ces trois essences ou principes de toute corporisation qui vous sont représentés par le premier triangle, et voilà en même temps l'origine de ce fameux nombre ternaire universel qui a été en si grande vénération chez tous les peuples de la terre. Le nombre ternaire des essences spiritueuses produit le nombre neuvaire donné à la matière, soit par l'addition des trois essences spiritueuses, des trois éléments qui en sont provenus et des trois principes corporels que nous nommons comme je vous l'ai déjà dit, soufre, sel et mercure. Nous appliquons le mercure ou principe actif à la terre, le soufre ou principe végétatif au feu et le sel ou principe sensitif à l'eau. Nous retrouvons encore le nombre neuvaire que nous connaissons être le nombre de destruction de cette matière apparente, dans l'addition mystérieuse de ses principes en multipliant le nombre trois par lui-même. Il est évident que le plus petit atome de matière ne subsisterait pas sans l'union intime des trois principes corporels que les savants mêmes du siècle reconnaissent exister dans tous les corps. Car dès que cette union cesse, le corps se détruit et s'évanouit. D'où il résulte que chacun de ces principes, tant qu'il coopère à conserver une forme, est toujours mixte et composé des deux autres, il n'en diffère que parce qu'il domine sur eux dans telle composition. Ces trois principes reconnus mixtes chacun séparément forment donc par leur réunion le nombre neuvaire.

Ce nombre est reconnu par les sages pour le nombre de destruction, parce que comme le triangle est la figure la plus simple que l'on puisse former, qu'il n'est réputé tel que par la réunion de ses trois bases, qu'Il cesserait d'être triangle si on venait à en séparer l'une des bases, de même lorsque le principe de vie qui y est inséré dans tous les corps quelconques, qui en conserve la forme et le mouvement, vient à se retirer, les principes corporels se dissolvent, se réintègrent dans les éléments, et ceux-ci dans les essences spiritueuses qui les ont produits, lesquelles rendues à leur premier état d'indifférence seront aussi promptement à leur tour réintégrées en celui qui les a produits. C'est ainsi que cet univers physique de matière apparente sera aussi promptement réintégré à son premier principe de création après la durée de temps qui lui est fixée, qu'il a été conçu dans l'imagination du Créateur. Apprenez de là, mon frère, le cas que vous devez faire de cette matière dont les hommes font leur idole, et combien ils s'abusent grossièrement en sacrifiant pour elle tout ce qu'ils ont de plus précieux.

Le second triangle fait allusion au corps général terrestre ou à la Terre. Elle est ternaire, étant composée des trois principes universels, mercure, soufre et sel, ainsi que tous les autres corps compris dans la Création. L'Ordre nous enseigne qu'elle a aussi très certainement une forme triangulaire, qu'elle est appuyée comme par un pivot sur l'axe feu central, que sa surface remplie de ses habitants représentée par celle du triangle reçoit les influences des corps planétaires qui la dominent et la substancient, qu'elle a seulement trois horizons terrestres, Ouest, Nord et Sud, qui vous sont figurés par les trois angles du triangle. Et en effet, nous reconnaissons que le corps terrestre n'a point d'Orient fixe, ce qui est prouvé par la quadrature du cercle que les hommes cherchent depuis si longtemps et ne peuvent trouver. Son vrai Est est perpendiculaire et lui vient d'en haut.

Ce système si opposé à tous les systèmes adoptés par les savants du siècle vous étonne sans doute, mais accoutumez-vous de bonne heure à suspendre votre jugement sur la nature des choses qui sont au-dessus de votre portée, jusqu'à ce que vous ayez acquis les lumières qui vous manquent pour en juger sainement, que vous pourrez acquérir avec le temps et mériter par votre propre travail de pouvoir juger plus exactement par vous- même de la vérité des choses dont on vous instruira. L'Ordre n'exige pas de vous une confiance aveugle sur tout ce qu'il vous enseigne. Il vous instruit des faits et vous laisse la liberté de comparer, mais il faut apporter dans cet examen qu'il vous permet une docilité de coeur et d'esprit qui vous permette de laisser voir la vérité à travers les nuages dont les hommes l'ont enveloppée. Il n'est rien de plus contraire à l'avancement des hommes dans les sciences que le préjugé : il obscurcit l'entendement et lui présente comme invincibles des obstacles qu'il pourrait surmonter aisément avec un esprit dégagé de toute prévention. Ne suivez donc point ici la marche ordinaire des hommes qui se perdent en vains raisonnements et ne sont presque jamais d'accord entre eux sur les points les plus importants. Écoutez en silence les instructions qui vous seront données, méditez-les en paix et demandez-en sans cesse l'intelligence à l'auteur de toute lumière et de toute vérité, qui peut seul vous la donner d'une manière qui dissipe pleinement tous vos doutes.

Le second triangle fait encore allusion au corps de l'homme, qui est aussi ternaire dans ses principes constitutifs et dans sa division. Il a aussi une forme triangulaire comme le corps général terrestre dont il est la répétition ainsi que de toute la création universelle, puisqu'il nous est enseigné qu'il est le petit monde. Je dis qu'il est ternaire dans ses principes constitutifs puisqu'il est formé des trois éléments ou principes premiers qui en composent la charpente, mercure, soufre et sel. Nous appliquons le mercure ou la terre au solide ou à l'os, le soufre ou le feu au fluide ou au sang, le sel ou l'eau à la chair ou enveloppe du corps.

Il est ternaire dans sa division comme la création universelle dans laquelle nous reconnaissons réellement trois parties très distinctes, savoir le terrestre, le céleste et le surcéleste. De même, dans le corps de l'homme, nous distinguons le ventre ou la partie végétative qui répond à la partie terrestre, la poitrine ou la partie animale qui répond au céleste, et la tête ou partie spirituelle qui correspond au surcéleste. Nous trouvons la même division dans le temple élevé à la gloire de l'Éternel par Salomon, qui, construit sur les plans donnés à David par le Suprême Architecte, était lui-même une répétition du corps de l'homme et de la création universelle. Nous y voyons en effet le porche qui correspondait à la partie inférieure du corps de l'homme ou au ventre et à la partie inférieure de la Création ou la Terre ; ensuite le temple qui répondait à la poitrine et au céleste ; et enfin le sanctuaire qui correspondait de même à la tête du corps de l'homme et à la partie surcéleste de la création universelle.

Quand il en sera temps, nous vous expliquerons de même les rapports du Saint des Saints avec les deux autres. Je me borne, quant à présent, à vous présenter ceux qui sont compris dans la création universelle. Je ne comprends point dans cette division principale du corps de l'homme des quatre membres qui ne sont que des adhérences au tronc et qui me serviront sous un autre point de vue à vous faire sentir d'autres rapports. En effet, ajoutez le nombre de ces quatre membres à la division ternaire que je viens de faire, vous y trouverez le nombre septénaire des corps planétaires qui étaient de même figurés dans le temple de Salomon.

Pour en mieux sentir le rapport, examinez l'emplacement de chacun. Comme Saturne qui est le plus élevé dirige et gouverne toutes les planètes qui lui sont inférieures, de même la tête ou la partie spirituelle qu'elle représente préside et gouverne tout le reste du corps. Comptez d'une part la tête et les deux épaules qui vous représentent Saturne, Mars et Mercure, et de l'autre le ventre et les deux cuisses qui vous représentent également Jupiter, Vénus et la Lune. Vous trouverez au centre de cette division la poitrine ou le cœur qui, par son action vivifiante sur toutes les parties du corps, vous représente celle du Soleil, placé au centre des six autres planètes sur lesquelles il répand ses influences.

Je pourrais vous faire sentir bien d'autres rapports intéressants sur le corps de l'homme qui n'est autre qu'une loge ou un temple disposé par le Créateur pour y recevoir l'être spirituel divin qu'il lui a plu d'y envoyer pour le diriger et c'est en cela qu'il est véritablement le petit monde ou la répétition de son temple universel qui est la Création. Je me contenterai de vous expliquer en passant le sens de quelques paroles mystérieuses que les maçons apocryphes emploient sans en donner jamais aucune explication satisfaisante. Ils disent en parlant de leur loge que trois la forment, cinq la composent et sept la rendent juste et parfaite. Appliquez ces paroles à la loge de l'homme qui contient l'esprit mineur qui la dirige, et vous y trouverez le vrai sens de ces paroles.

Trois la forment. Vous avez vu en effet que le corps de l'homme provient des trois principes de toute corporisation et vous avez vu aussi qu'ils sont appliqués aux os, au sang et à la chair, dont la réunion donne véritablement une forme déterminée au corps, mais ce corps ne sera susceptible d'aucun mouvement ni souplesse si nous n'y ajoutez les nerfs et les cartilages, dont l'addition aux trois premiers compose réellement et perfectionne la charpente de ce corps.

Le voilà le nombre quinaire, mais il ne sera qu'un cadavre si l'âme ou cet être de vie passive qui lui est commun avec tous les animaux ne vient lui donner le mouvement. C'est après cette opération qu'il acquiert la justesse et qu'il a en lui le nombre sénaire de la Création qu'il répète.

Vous ne pouvez pas douter que l'homme ne soit distingué des autres animaux par la présence d'un être libre et intelligent qui le dirige. C'est la descente ou l'incorporisation de cet être spirituel divin émané à l'image et à la ressemblance du Créateur dans le corps de l'homme qui lui donne toute la perfection dont sa loge est susceptible.


Manuscrit 5919-12
Fonds Willermoz
Bibliothèque municipale de Lyon




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