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1804 - Rituel au Grade de Maître selon le REAA


Tailleur de pierre (Bibliothèque municipale d'Amiens)


RITUEL AU GRADE DE MAITRE SELON LE REAA (1804)


1 – Préalable

Chambre de Réflexion

Cette pièce doit être lugubre.

Il y aura sur les murailles des maximes analogues à la réception que les plus petites particularités doivent rendre importante.

Le Frère Préparateur doit être instruit de ses devoirs envers le Récipiendaire. Il doit lui préparer l’esprit et l’imagination par des discours sages et moraux relatifs à l’importance du grade sollicité. Il doit s’emparer du chapeau et de l’épée de l’Aspirant et le faire remettre au Très Respectable par le Frère Maître des Cérémonies.

Cette chambre ne doit être éclairée que par une bougie jaune et très grosse ; un squelette parlant, art de circonstance particulière, lorsqu’une Loge peut se le procurer.

Des décombres, des outils brisés devraient être encore dans cette pièce.

La contenance du Frère Préparateur ne contribue pas peu à rendre cette cérémonie importante.

Décoration de la Loge

La Loge doit être tendue de noir, parsemée de têtes de mort en blanc avec des os en sautoir et un sablier.

Des larmes blanches doivent être placées par 3, 5, 7.

Luminaire : Neuf étoiles, par trois à chaque lumière.

Habillement : Tous les Maîtres, autant que possible, en noir, chapeau rabattu avec un long crêpe, des gants blancs, tablier du grade, cordon bleu.

Titres en Loge

Le Vénérable s’appelle Très Respectable,

Les surveillants : Très Vénérable,

Les Frères : Très Vénérable Maître

Décoration de la Chambre du Milieu

Il faut une bière au milieu de la Loge, couverte d’un drap mortuaire parsemé de têtes de mort, d’ossements et de larmes.

On forme autour de cette bière une séparation avec des panneaux de tenture pour représenter la Chambre du Milieu. Au coin de cette Chambre, du côté du midi, dans son occident une branche d’acacia sur un petit tertre.

À la tête de la bière on met une équerre à terre ; au pied un compas ouvert.

Ouverture des Travaux

Le Très Respectable frappe un coup de maillet répété par les surveillants et dit :

D. – Très Vénérable premier Surveillant, quel est le premier devoir d’un Surveillant avant d’ouvrir la Loge de Maître ?

R. – C’est de voir si le Temple est couvert intérieurement et extérieurement.

D. – Faites-vous en assurer, mon Frère

Le Frère premier Surveillant envoie son Diacre qui, à son retour, l’assure que le Temple est bien couvert, après quoi il dit :

R. – Très Respectable, la Loge de Maître est bien couverte.

D. – Quel est le second devoir ?

R. – C’est d’assurer si tous les Frères ici présents sont Maître s.

D. – Très Vénérable Frères premier et second Surveillant, transportez-vous sur vos Colonnes et assurez-vous si tous les Frères ici présents sont revêtu du caractère de Maître.

Alors le Très Respectable frappe un coup, se tourne faisant face à l’est ; tous les Frères en font autant, par la gauche et par la droite, de manière que personne ne puisse voir ce qui se passe à l’ouest et au sud.

Alors les surveillants s’approchent du dernier Frère le plus près de lui, le reconnaissent et passent successivement jusqu’au dernier Frère de manière que tous les Frères présents soient reconnus par les signes, mots et attouchements.

Nota : Tous les Frères portant le cordon des dignités de la Loge ne sont pas tuilés. Le second Surveillant rend compte au premier et celui-ci au Très Respectable en disant :

R. – Tous les Frères ici présents sont Maître s.

Le Très Respectable dit alors :

D. – Frère second Diacre, où est votre place en Loge de maître. ?

R. – À la droite du Très Vénérable Frère premier Surveillant, s’il veut bien le permettre.

D. – Pourquoi, Vénérable frère ?

R. – Pour porter les ordres du Très Vénérable Frère premier Surveillant au second et veiller à ce que les Frères se tiennent décemment sur les Colonnes.

D. – Où se tient le Frère premier Diacre ?

R. – À la droite du Très Respectable s’il veut bien le permettre.

D. – Pourquoi, Frère premier Diacre ?

R. – Pour porter les ordres du Très Respectable au Frère premier Surveillant et à tous les Dignitaires, afin que les travaux soient plus promptement exécutés.

D. – Où se tient le Très Vénérable Frère second Surveillant ?

R. – Au sud. -

D. – Pourquoi, Très Vénérable Frère second` Surveillant ?

R. – Pour mieux observer le soleil à son méridien ; envoyer les ouvriers du travail à la récréation, les rappeler de la récréation au travail, afin que le Vénérable en tire honneur et profit.

D. – Où se tient le Vénérable Frère premier Surveillant ?

R. – A l’ouest.

D. – Pourquoi, Très Vénérable Frère premier Surveillant ?

R. – Comme le soleil se couche à l’ouest pour terminer la carrière du jour, de même le premier Surveillant s’y tient pour fermer la Loge, payer les ouvriers et les renvoyer contents et satisfaits.

D. – Où se tient le Très Respectable ?

R. – À l’est.

D. – Pourquoi, Très Vénérable frère ?

R. – Comme le soleil se lève à l’est pour ouvrir la carrière du jour, de même le Très Respectable s’y tient pour ouvrir la Loge, la diriger dans ses travaux et l’éclairer de ses vives lumières.

Le Très Respectable frappe 7 coups répétés par les surveillants ; se tourne du côté de son Diacre, lui donne le mot de Maître la tête découverte et se couvre.

Le Diacre va le rendre au frère premier Surveillant qui l’envoie, par son Diacre au frère second Surveillant, lequel après l’avoir reçu, frappe un coup et dit :

Très Respectable, tout est juste et parfait.

Le Très Respectable se découvre et dit :

Mes Frères, au nom de Dieu et de Saint Jean d’Écosse, la Loge de Maître Maçon, du Rit ancien, est ouverte ; il n’est plus permis de parler ni de passer d’une colonne à une autre sans avoir obtenu la permission du Surveillant de la Colonne.

À moi, mes frères

Il fait le signe que tous répètent et dit :

Prenez séance, mes Frères

On remplit les autres formalités usitées en Loge d’Apprenti, soit par la lecture des travaux et les préliminaires de réception, soit pour le consentement des Maîtres.

Réception

On fait coucher le dernier Maître reçu dans le cercueil, les pieds à l’est, les talons en équerre, la main droite sur le coeur, la gauche étendue le long du corps ; un linceul blanc depuis les pieds jusqu’à la ceinture du tablier. On relève son tablier jusqu’au dessus de la lèvre inférieure, et on lui couvre le surplus de la face avec un linge teint de sang.

Tout étant ainsi disposé, on éteint toutes les étoiles à l’exception d’une en cire jaune placée sur l’autel.

Le Très Respectable dit :

Frère Maître des Cérémonies, allez préparer le candidat

Préparation

Le Candidat doit être sans souliers, les bras et les seins nus, sans métaux ; il doit avoir une petite équerre au bras droit, une corde à la ceinture, y faisant trois tours, un tablier de Compagnon Le Maître des Cérémonies frappe à la porte du Temple conduisant le Candidat

Le Maître Expert se transporte sur le champ pour reconnaître, comme il doit le faire, tous ceux qui se présentent après l’ouverture.

Le premier Surveillant frappe un coup et dit :

Le Maître des Cérémonies est à la porte du Temple, présentant un Compagnon qui a fait son temps et qui demande l’initiation à la Maîtrise.

On entrouvre la porte.

Le Très Respectable dit :

Pourquoi le Frère Maître des Cérémonies vient-il troubler notre douleur ? Nos gémissements et nos sanglots auraient du l’engager à écarter toute personne suspecte et particulièrement un Compagnon ; c’est peut-être un de ceux qui causent notre douleur. Armons-nous mes Frères, peut-être que la justice divine le livre à notre vengeance.

Frère Expert, prenez avec vous le Frère Terrible ; faites-vous accompagner de 4 Frères armés, emparez-vous de ce Compagnon, visitez-le de la tête aux pieds ; examinez surtout ses mains ; parcourez attentivement ses vêtements, ôtez-lui son tablier que vous m’apporterez ; enfin assurez-vous s’il n’existe sur lui aucune trace qui pourrait déceler le crime affreux qui a été commis.

On s’empare brusquement du candidat ; on le visite, on lui arrache son tablier.

L’Expert rentre dans le Temple avec le tablier, laissant au-dehors le Candidat, le Frère Terrible et les 4 Frères armés, la porte du Temple toujours entrouverte et il dit :

Très Respectable, j’ai rempli vos intentions et exécuté vos ordres, mais je n’ai rien trouvé sur lui qui indique qu’il ait commis un meurtre ; ses vêtements sont blancs ; ses mains sont propres, et ce tablier que je vous apporte est sans tache.

Le Très Respectable dit :

Mes Frères, puisse le grand Architecte faire que je sois dans l’erreur et que ce Compagnon ne soit pas un de ceux que doit poursuivre notre vengeance ! Mais pour le recevoir parmi nous, nous devons prendre les mesures les plus sévères et faire les plus exactes recherches, car, mes frères, si ce Compagnon est innocent, il n’ignore pas sûrement le sujet de notre douleur. Aurait-il choisi un moment ainsi dangereux pour se présenter ici ? Ne devait-il pas craindre que nos soupçons se tournassent sur lui ? Mes Frères, en l’introduisant dans cette enceinte, nous l’interrogerons et sans doute ses réponses nous apprendrons ce que nous devons penser de lui. Êtes-vous de cet avis ?

Mes Frères manifestez-le en la manière accoutumée.

On lève la main en signe d’acquiescement.

Le Très Respectable dit :

Frère Garde du Temple, puisque cette Respectable assemblée est d’avis de l’introduire, demandez-lui comment il a osé espérer d’être admis parmi nous ?

On fait dire au Récipiendaire la réponse suivante :

Par le Mot de Passe.

Le Garde du Temple répond :

Par le Mot de Passe.

Le Très Respectable dit :

Par le Mot de Passe ! Cette réponse téméraire me confirme dans mes soupçons ; comment peut-il le connaître ? C’est sans doute par suite de son crime ; voilà mes frères, une preuve de son audace et de ses forfaits.

Frère premier Surveillant, transportez-vous à la porte du Temple et examinez bien ce Compagnon.

Le premier Surveillant se rend à la porte, examine le Candidat et dit :

Son audace est extrême, sa démarche annonce un raffinement de scélératesse ; il vient, j’en suis sur, épier ce qui se passe ici, ou pour tromper notre bonne foi sous le masque de l’hypocrisie.

L’Examinant de plus près, lui visant la main droite et la repoussant rudement, il dit :

Ciel ! C’est lui !

Il le saisit au collet et lui dit d’une voix menaçante :

Parle, malheureux, comment donneras-tu ce Mot de Passe et qui a pu te le communiquer ?

Le Candidat répond :

Mon conducteur le donnera pour moi, car je ne le sais pas.

Le premier Surveillant dit :

Très Respectable, le Compagnon avoue qu’il ne connaît pas le Mot de Passe, mais que son conducteur le donnera pour lui.

Le Très Respectable dit :

Faites-vous le donner, Très Vénérable Frère premier Surveillant

Le premier Surveillant dit :

Le mot est juste Très Respectable.

Le Très Respectable dit :

Faites entrer le Compagnon ; que ceux qui le gardent ne l’abandonnent pas d’un instant, qu’ils se placent avec lui à l’occident.

Tous se placent à l’occident ; le Frère Terrible derrière le Candidat, le tient par la corde.

Le Très Respectable dit :

Compagnon, il faut que vous soyez bien téméraire pour vous présenter ici dans un moment où tous vos camarades nous sont à juste titre suspects. Les marques de douleur et de consternation que vous voyez répandues sur nos visages ; le deuil qui nous environne ; ces tristes débris renfermés dans un cercueil, tout doit vous peindre l’image de la mort ; et encore, si cette mort eut été l’effet de la cause ordinaire de la nature, nous nous plaindrions sans doute ; mais nous n’aurions pas un crime à punir et un ami à venger.

Dites-moi, avez-vous trempé dans cet horrible attentat ? Êtes-vous du nombre des infâmes Compagnons qui l’ont commis ?

On lui montre le corps qui est dans le cercueil.

Le Candidat répond non.

Pendant que le Candidat tourne le dos pour voyager, le Frère qui est dans le cercueil se lève de manière à n’être pas vu par lui.

Le Très Respectable dit :

Faites voyager le Compagnon

Le Frère Maître des Cérémonies prend le Candidat par la main. Le Frère Terrible se tient derrière par la corde et les Frères armés l’escortent deux à deux de chaque côté et de cette manière on lui fait faire le tour de la Chambre du Milieu ; ensuite on l’amène derrière le Très Respectable

Le Maître des Cérémonies prend la main du Candidat et lui fait frapper trois coups sur l’épaule du Très Respectable. Celui-ci se retourne et portant son maillet sur le coeur du Candidat, il lui dit :

D. – Qui va là ?

Le Maître des Cérémonies répond :

R. – Un Compagnon qui a fini son temps et qui demande à passer dans la Chambre du Milieu.

D. – Comment espère-t-il y parvenir ?

R. – Par le Mot de Passe.

D. – Comment le donnera-t-il s’il ne le sait pas ?

R. – Je vais le donner pour lui.

Il le donne.

Le Très Respectable dit :

Passe Tubalcaïn

On le conduit à l’occident.

Le Très Respectable dit :

Faites avancer le Candidat à l’autel des serments en marchant sur le premier degré de l’angle droit d’un carré-long, en formant une équerre sur le second degré par deux pas et sur le troisième par un seul.

On lui fait faire les pas et signes d’Apprenti ; les signes et pas de Compagnon et enfin ceux de maître.

On le fait mettre à genoux, la main droite sur la Bible. Les 2 pointes du compas sur chaque sein.

Obligation

Je *** de ma libre volonté et de celle de cette Respectable Loge dédié à St Jean d’Écosse, je jure et je promets solennellement de ne jamais révéler les secrets de Maître Maçonnerie qu’à celui reconnu pour tel ; d’obéir aux ordres d’une Loge régulière de Maître ; de garder tous les secrets de mes Frères, comme les miens propres, excepté dans le cas de meurtre ou de trahison ; de ne jamais leur faire tort ou souffrir qu’il leur en soit fait ; de les servir en tout ce qui sera en mon pouvoir ; de ne jamais séduire leur femme, fille ou soeur ; promettant de plus de remplir mes précédentes obligations sous peine (ici le Très Respectable frappe un coup de maillet, saisit la main du Récipiendaire et lui fait faire le signe de Maître) d’avoir le corps ouvert en deux parties, l’une portée au sud et l’autre au nord ; mes entrailles brûlées, la cendre jetée au vent, afin qu’il ne reste rien de moi ; ce dont Dieu me préserve. Amen.

Il baise la Bible 3 fois et reste à genoux.

Le Très Respectable le prend par la main droite à l’attouchement d’Apprenti, il le tuile jusqu’au Mot Sacré de Compagnon

Aussitôt qu’il l’a prononcé le Très Respectable dit :

Levez-vous, Frère Jakin.

Vous allez, mon Frère, représenter le plus grand homme du monde Maçonnerie notre Respectable Maître Hiram qui fut tué lors de la perfection du Temple, ainsi que je vais vous l’apprendre.

Nota : Les Frères se réunissent autour du cercueil ; le second Surveillant au sud armé d’une règle de 24 pouces ; le premier Surveillant à l’ouest, armé d’une équerre et le Très Respectable armé de son maillet, lequel continue :

David, roi d’Israël ayant formé le projet d’élever un Temple à l’éternel amassa, pour cet effet d’immenses trésors ; mais ce roi ayant quitté le sentier de la vertu, rendu indigne de la protection du grand Architecte, il fut donné à son fils Salomon d’élever un temple au Maître de l’Univers. Avant de commencer le grand édifice, Salomon en fit part au Roi de Tyr, son voisin, son ami et son allié qui lui envoya Hiram fameux architecte.

Salomon ayant reconnu les vertus et les grands talents d’Hiram le distingua bientôt par la poste le plus éminent, en lui donnant la direction des ouvriers et la garde des plans.

Les travaux étaient immenses et le nombre des ouvriers leur étant proportionné, il avait fallu distribuer ces derniers en plusieurs classes et leur affecter un salaire proportionné à leurs talents. Les apprentis, Compagnon et maître avaient un mot pour se faire reconnaître et recevoir le tribut de leurs peines.

Les apprentis s’assemblaient à la Colonne B, les compagnons à la Colonne J et les Maîtres dans la Chambre du Milieu. Quinze Compagnons voyant leur temps presque fini et qu’ils n’avaient pu obtenir le Mot de maître, parce que leur temps n’était pas encore expiré convinrent de l’obtenir par force du Respectable Maître Hiram, à l’occasion, afin de passer pour Maître s dans d’autres pays et en recevoir la paye. Douze de ces Compagnons se rétractèrent ; les autres nommés Sterkin, Oterfurt et Abhiram, s’obstinèrent dans leur dessein. Ces trois Compagnons, sachant qu’Hiram allait tous les jours à midi, faire sa prière dans le Temple pendant que les ouvriers se reposaient, allèrent se placer : Sterkin à la porte du sud, Oterfurt à celle de l’ouest et Abhiram à celle de l’est et là ils attendirent le moment où Hiram se présenterait pour sortir. Hiram dirigea d’abord ses pas vers la porte du sud où Sterkin lui demanda le Mot de Maître, à quoi il répondit qu’il ne pouvait pas le recevoir de cette manière ; qu’il fallait qu’il attendit avec patience que son temps fût fini ; qu’au surplus il ne pouvait le lui donner seul : qu’il devait être accompagné des Rois d’Israël et de Tyr, ayant fait serment de ne le donner qu’ensemble. Sterkin, peu satisfait de cette réponse lui donna un coup de règle de 24 pouces au travers de la gorge.

Ici le maître des Cérémonies conduit le Récipiendaire au second Surveillant qui le saisit au collet et lui dit trois fois :

Donnez-moi le Mot de Maître.

Le Récipiendaire répond trois fois :

Non.

Alors le second Surveillant lui donne un coup de sa règle sur le col et le Maître des Cérémonies le conduit au premier Surveillant

Le Très Respectable continue :

Hiram s’enfuit à la porte de l’ouest où il trouve Oterfurt qui lui fit la même demande et sur son refus lui porta sur le sein gauche un coup violent avec une équerre du fer dont il était armé.

Le premier Surveillant fait de même que le second, en lui donnant un coup d’équerre sur le sein.

Le Candidat est conduit devant le Respectable Maître qui dit :

Hiram, ébranlé du coup, rappela toutes ses forces et se sauva à la porte de l’est ; mais il y trouva Abhiram qui lui fit la même demande que les deux autres et qui, sur son refus lui asséna un si terrible coup de maillet qu’il l’étendit mort à ses pieds.

Le Très Respectable donne un petit coup de maillet sur le front du Récipiendaire et le pousse ; 2 Frères sont derrière lui pour le recevoir.

On le couche dans la bière et on le couvre du drap mortuaire.

On lui fait tenir dans la main une branche d’acacia.

Le Très Respectable continue :

Les assassins s’étant rejoints se demandèrent réciproquement la parole de Maître ; mais voyant qu’ils n’avaient pu l’obtenir et désespérés d’avoir commis un crime inutilement ils ne songèrent plus qu’à en dérober la connaissance ; à cet effet, ils enlevèrent le corps d’Hiram et le cachèrent sous des décombres et dans la nuit ils le portèrent hors de Jérusalem sur une montagne où il fut enterré.

Le Respectable Maître Hiram ne paraissant plus aux travaux comme à son ordinaire, Salomon fit faire les plus exactes recherches, mais inutilement, lorsque les 12 Compagnons qui s’étaient rétractés soupçonnant la vérité, se réunirent et résolurent entre eux d’aller trouver Salomon, avec des gants et des tabliers blancs, comme témoignage de leur innocence et l’informèrent de ce qui s’était passé. Salomon envoya 12 Compagnons à la recherche de leur Maître Hiram et dans le cas où ils le trouveraient, de chercher sur lui la Parole de leur grade, observant que s’ils ne pouvaient pas la trouver, elle était alors perdue, attendu qu’il n’y avait que 3 personnes qui la connussent, et qu’elle ne pouvait être donnée que par elles réunies, dont Hiram faisait partie ; que pour l’avenir, le premier signe qui serait fait en retrouvant le corps d’Hiram, (en supposant qu’il fut mort) et le premier mot prononcé seraient substitués aux anciens signe et mot.

Ces Compagnons ayant la promesse de Salomon d’être récompensés par le Maître s’ils parvenaient au but de leurs recherches, voyagèrent pendant cinq jours sans rien trouveR.

Le premier Surveillant passe à droite, avec la moitié des Maître et le deuxième avec l’autre moitié à gauche et font trois tours.

Les compagnons ayant rendu compte à Salomon de l’inutilité de leur recherches, il ordonna à neuf Maîtres de faire une deuxième recherche, et ceux-ci allèrent sur le Mont Liban et le deuxième jour, l’un d’eux, excessivement fatigué, voulut se reposer sur une monticule ; s’étant aperçu que la terre était nouvellement remuée, il s’en approcha et fouillant il trouva le cadavre.

Il appela ses camarades et leur fit part de sa triste découverte, présumant que c’était le corps de notre Respectable Maître qui sans doute avait été assassiné, et n’osant, par respect, processer leurs recherches plus loin, ils recouvrirent la fosse et pour la reconnaître, ils coupèrent une branche d’acacia qu’ils plantèrent au-dessus et se retirèrent vers Salomon auquel ils firent leur rapport.

Imitons donc nos anciens maîtres, mes Frères, et vous Très Vénérable Frère premier Surveillant, partez à la tête de votre Colonne, et n’épargnez rien dans vos recherches.

Le premier Surveillant fait quatre tours auprès du cadavre à droite ; il soulève le drap, prend la branche d’acacia, la fait tenir au récipiendaire et lui fait placer la main droite sur la poitrine et vient dire au Très Respectable qu’il a trouvé une fosse nouvellement fouillée, où est un cadavre qu’il présume être celui de notre Respectable Maître Hiram et qu’il y a planté une branche d’acacia pour reconnaître l’endroit.

Le Très Respectable continue :

Salomon pénétré de la plus vive douleur, jugea que ce ne pouvait être que celui du grand architecte Hiram et leur ordonna d’aller faire l’exhumation du corps et de le rapporter à Jérusalem. Ces anciens Maîtres s se revêtirent de tabliers et de gants blancs et le deuxième jour rendu au Mont Liban, ils firent la levée du corps.

Imitons, mes Frères, nos anciens Maîtres et essayons ensemble d’enlever les restes de notre malheureux Maître Hiram.

Le Très Respectable fait deux fois le tour du cercueil ; arrivé à la porte du sud, du côté du candidat, il s’arrête et retirant la branche d’acacia, il dit :

Nous sommes parvenus au lieu qui renferme le corps de notre Respectable Maître Hiram ; cette branche d’acacia en est le sinistre indice, la terre me paraît effectivement remuée depuis peu

Éclaircissons nos affreux soupçons.

Le Très Respectable tire, par gradation, le drap qui couvre la figure du candidat, laquelle étant découverte, il fait le signe d’horreur, en répétant trois fois :

Ah ! Seigneur mon Dieu !

Tous les Frères font de même.

C’est bien le corps de notre Respectable Maître ; allons, mes frères, acquittons-nous du devoir douloureux que Salomon nous a imposé en exhumant ce cadavre R.

Le Très Respectable prend le candidat par l’index de la main droite et dit :

Booz.

Il prend le deuxième doigt et dit :

Jakin, la chair quitte les os, le corps est pourri.

Enfin il prend le poignet droit et avec l’aide des deux Surveillant qui sont de chaque côté du candidat, il le relève par les cinq points de perfection en prononçant Mohabon.

Le Très Respectable remonte sur le trône et les Frères reprennent leurs places.

On fait renouveler le serment.

Je ***renouvelle le serment que j’ai déjà prêté de préférer la mort plutôt que de rien révéler des secrets des Maîtres qui viennent de m’être confiés.

On lui tient les deux pointes du compas sur les seins et le Très Respectable dit :

En vertu des pouvoirs dont je suis revêtu par le grand Orient de France et de ceux dont m’a investi cette Respectable Loge, je vous reçois et constitue Maître Maçon.

Le Très Respectable frappe sept coups sur la tête et autant sur le glaive qui est posé sur la tête du Récipiendaire, le relève et l’embrasse. Ensuite il lui donne les signes, mots et attouchements.

Premier signe est de lever les deux mains en l’air au-dessus de la tête ; les laisser tomber en frappant sur le tablier et disant : Ah, Seigneur, mon Dieu !

Deuxième signe est de retirer la main droite ouverte à travers le ventre, comme pour se l’ouvrir.

L’attouchement se fait en se prenant mutuellement par la grippe de la main droite, le pied droit contre le pied droit, genou contre genou, sein contre sein et la main gauche réciproquement sur le dos en prononçant la Parole Sacrée Mohabon.

Le Mot de Passe est Tubalcaïn.

Le Très Respectable dit :

Frère maître des Cérémonie, conduisez ce jeune Maître aux Très Vénérables Frères premier et second Surveillants afin qu’il leur donne les signes, mots et attouchement.

Les surveillants les ayant reçus, le second Surveillant dit au premier et celui-ci au Très Respectable :

Très Respectable, les signes, mots et attouchement sont justes. Le Très Respectable frappe un coup répété par les surveillants et dit :

Très Vénérables Frères premier et second Surveillants, annoncez sur vos colonnes respectives que les Maîtres ici présents ayant à reconnaître à l’avenir le Très cher Frère (xxx) pour Maître Maçon de cette respectable loge et à s’unir à moi pour applaudir à sa réception.

Les surveillants répètent.

On applaudit par sept coups égaux et on dit 3 fois houzé.

Le Maître des Cérémonies conduit le candidat à l’est.

Instruction

D. – Êtes-vous Maître ?

R. – Les Maîtres me reconnaissent pour tel.

D. – Où avez-vous été reçu ?

R. – Dans une Loge régulière.

D. – Comment avez-vous été préparé pour être reçu Maître ?

R. – Les pieds nus, sans souliers ; les bras et le sein nus, privé de tous métaux, je fus ainsi conduit à la porte de la Loge.

D. – Comment avez-vous été admis ?

R. – Par 5 coups distincts.

D. – Que vous demanda-t-on ?

R. – Qui est là ?

D. – Qu’avez-vous répondu ?

R. – Un Maçon qui a fait son temps comme Apprenti Compagnon et qui demande à être reçu Maître

D. – Comment y êtes-vous parvenu ?

R. – Par le Mot de Passe.

D. – Voulez-vous me le donner ?

R. – Oui, Très Vénérable.

D. – Donnez-le moi ?

R. – Tubalcaïn

D. – Que vous fit-on ?

R. – On me fit faire le tour de la Loge.

D. – Où avez-vous rencontré un obstacle ?

R. – Derrière le Très Respectable.

D. – Que vous a-t-il demandé ?

R. – Il me fit la même question qu’à la porte.

D. – Que fit-il de vous ?

R. – Il me fit conduire à l’ouest pour avoir des instructions.

D. – Quelles sont les instructions que vous avez reçues ?

R. – Quand je fus à l’ouest, on m’enseigna

1° à rendre au Très Respectable le signe d’Apprenti et à marcher sur le premier degré de l’angle droit d’un carré-long, mon autre pied formant l’équerre.

2° à faire deux pas sur le même carré-long ; mon autre pied formant l’équerre en faisant le signe de Compagnon.

3° faire trois pas sur le même carré-long, les deux genoux pliés et nus, mon corps droit, ma main droite sur la Bible, les deux pointes du compas étendues sur mes seins gauche et droit où je prêtai l’obligation solennelle de maître.

D. – Savez-vous prêter l’obligation dont vous parlez ?

R. – Je m’y efforcerai, Très Respectable, avec votre assistance.

D. – Levez-vous et commencez.

R. – Je… de ma libre, etc. (voyez plus haut).

d. – Où avez-vous été, mon Frère ?

R. – À l’ouest.

d. – Où allez-vous ?

R. – À l’est.

d. – Pourquoi quittez-vous l’ouest pour aller l’est ?

r. – Parce que la lumière de l’Évangile parut d’abord à l’est.

d. – Qu’allez-vous faire à l’est ?

r. – Chercher une Loge de Maître s.

D. – Que vous a-t-on montré ensuite ?

R. – Le signe de Maître qui est de traverser le ventre avec la main droite de côté. Ensuite on prend la main droite avec la sienne en donnant l’attouchement d’Apprenti

D. – Y a-t-il un mot ?

R. – Oui, Très Respectable.

D. – Voulez-vous me le donner ?

R. – Booz.

D. – Pouvez-vous aller plus loin ?

R. – De l’Apprenti au Compagnon.

D. – Passez, mon Frère ?

R. – Il met l’ongle du pouce sur la ***et deuxième jointure qui est l’attouchement de passe.

On répond Schibboleth.

D. – Que répondîtes-vous ?

R. – Par le Mot Sacré de Compagnon.

D. – A-t-il un nom ?

R. – Oui, Très Respectable

D. – Voulez-vous me le donner ?

R. – Jakin.

D. – Que vous dit-on alors ?

R. – On me dit que je représentais un des plus grands hommes du monde Maçonnerie, notre Respectable Maître Hiram qui fut tué lors de la perfection du Temple.

D. – Après le discours d’usage que fit-on de vous ?

R. – On me conduisit aux Vénérables Frères premier et second Surveillants et aux Maîtres qui me firent les mêmes questions que Sterkin, Oterfurt et Abhiram avaient faites à Hiram en me frappant de la même manière.

D. – Que fit-on de vous ensuite ?

R. – Après avoir reçu un léger coup sur la tête, on m’étendit par terre.

D. – Comment fûtes-vous relevé ?

R. – Par les 5 points de la Maçonnerie.

D. – Expliquez-les moi ?

R. – 1° Main contre main signifie – que j’emploierai toujours mes mains pour servir mes Frères dans le besoin.

2° pied contre pied signifie -que je ne craindrai jamais de me détourner de mon chemin pour servir mes Frères.

3° Genou contre genou – que je fléchirai le genou devant l’être suprême pour intercéder pour mon Frère comme pour moi même.

4° Sein contre sein – pour désigner les secrets qui m’ont été confiés.

5° La main gauche derrière le dos désigne que je soutiendrai toujours mes Frères autant qu’il sera en mon pouvoir.

D. – Pourquoi étiez-vous privé de tous métaux ?

R. – Parce que lors de la construction du Temple de Salomon, on n’entendit aucun bruit causé par aucun outil composé de métal.

D. – Pourquoi cela ?

R. – Pour qu’il ne fut pas souillé.

D. – Comment était-il possible qu’un si grand édifice puisse être construit sans le secours d’aucun outil de métal ?

R. – Parce que les matériaux furent préparés dans les forêts du Liban, apportés sur des voitures destinées à cet effet ; élevés et placés avec des maillets de bois fait exprès.

D. – Pourquoi étiez pieds nus ?

R. – Parce que le lieu où je fus reçu était saint et que Dieu avait dit à Moïse : ôte tes souliers, car le lieu où tu es est une terre sainte.

D. – Qu’est-ce qui soutient votre loge ?

R. – Trois grands piliers.

D. – Comment les nommez-vous ?

R. – Sagesse, Force, Beauté.

D. – Que représentent-ils ?

R. – Trois grands Maîtres : Salomon, Hiram, Roi de Tyr, Hiram-Abif, fils de la Veuve.

D. – Ces trois grands Maîtres étaient-ils employés à la construction du Temple ?

R. – Oui, Très Respectable Maître.

D. – Quelles étaient leurs obligations réciproques ?

R. – Salomon fournissait les provisions et l’argent pour payer les ouvriers ; Hiram, Roi de Tyr, fournissait les matériaux et Hiram-Abif était chargé de l’exécution de ce grand oeuvre.

Clôture

Le Très Respectable frappe et dit :

Debout et à l’ordre, mes frères

D. – Frère second` Diacre quel est votre place en Loge ?

R. – A la droite du Très Vénérable Frère premier Surveillant s’il veut le permettre.

D. – Pourquoi Vénérable Frère ?

R. – Pour porter les ordres du Très Vénérable Frère premier Surveillant au second et veiller à ce que les Frères se tiennent décemment sur les Colonnes.

D. – Où se tient le Frère premier Diacre ?

R. – A la droite du Très Respectable s’il veut bien le permettre.

D. – Pourquoi, Frère premier Diacre ?

R. – Pour porter les ordres du Très Respectable au Frère premier Surveillant et à tous les Officiers dignitaires afin que les travaux soient plus vite exécutés.

D. – Où se tient le Vénérable Frère second° Surveillant ?

R. – Au sud.

D. – Pourquoi ?

R. – Pour mieux observer le soleil à son méridien ; envoyer les ouvriers du travail à la récréation et de la récréation au travail, afin que le Maître en tire honneur et profit.

D. – Où se tient le Vénérable Frère premier Surveillant ?

R. – À l’ouest.

D. – Pourquoi, Très Vénérable Frère premier Surveillant ?

R. – Comme le soleil se couche à l’ouest pour terminer la carrière du jour, de même le premier Surveillant s’y tient pour fermer la Loge, payer les ouvriers et les renvoyer contents et satisfaits.

D. – Les ouvriers, sont-ils contents ?

R. – Ils le témoignent, sur l’une et l’autre Colonnes.

D. – Très Vénérable Frère second Surveillant quel age avez-vous ?

R. – Sept ans, Très Respectable

D. – Combien de temps travaillent les Maîtres ?

R. – Depuis midi jusqu’à minuit.

D. – Quelle heure est-il ?

R. – Minuit plein, Très Respectable

Le Très Respectable dit :

Puisqu’il est minuit, au nom de Dieu et de Saint Jean d’Écosse je déclare cette loge de Maîtres fermée.

Il frappe sept coups égaux.

Les Très Vénérables Frères premier et second Surveillants les répètent.

Tous font le signe et la batterie sur la manche, sans acclamation.