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1948 - Hiram et l'Alchimie dans "La Symbolique Maçonnique" par Jules Boucher (Les larmes d'argent)





HIRAM ET LES LARMES D'ARGENT


LA SYMBOLIQUE MAÇONNIQUE

« Le Tableau de Maître »

Jules Boucher, 1948

Les larmes d'argent symbolisent excellemment les rayons 'lunaires' qui vont aider l'impétrant à s'abstraire de l'influence 'solaire' physique, de l'activité factice. C'est dans la nuit, dans la 'noirceur très noire' des hermétistes, c'est-à-dire dans le silence et la méditation que l'âme s'albifie. Après la phase dite 'caput corvi', 'tête de corbeau', vient la phase de la blancheur éclatante.  

(La Symbolique Maçonnique, chapitre VII, point 8)

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Evoquant les "larmes d'agent" - souvent groupées par 9 - qui figurent sur ou autour du cercueil d'Hiram au 3ème degré des grades symboliques, Jules Boucher, dans sa Symbolique Maçonnique, nous donne de précieuses indications sur le rôle de la Lune au sein du processus alchimique. La Lune, miroir du rayonnement solaire,  est un "ingrédient" de majeure importance en alchimie ;  il s'agit ici d'un symbole réellement actif, et même beaucoup plus actif que ce qu'en laisse prudemment supposer Boucher...

On notera que Jules Boucher et Fulcanelli étaient amis. Les deux seuls textes signés authentiquement par Fulcanelli qui nous soient connus sont deux dédicaces d'ouvrage, l'une adressée à René Schwaller de Lubicz, l'autre à Jules Boucher. Les propos de Jules Boucher, que je reproduis donc ci-dessus, n'en ont que plus d'intérêt...

Par ailleurs, en considérant qu’Hiram serait une sorte de « transposition symbolique » du dieu égyptien Osiris – c’est toujours une hypothèse mais elle n’est pas dénuée de sens -,  on en arriverait à un nouveau parallèle, entre ces « larmes d’argent » et Isis, la déesse lunaire qu’évoque, notamment, Gobineau de Montluisant, dans ses Instructions Préliminaires aux Explications Très Curieuses des Enigmes et Figures Hiéroglyphiques de Notre-Dame de Paris :

… Suivant leur Mythologie et la doctrine des Druides, la déesse  Isis était encore ce même humide radical universel, influé de la Lune qu’ils regardaient comme la mère originelle de toute génération. Le dieu Osiris, époux d’Isis, était la chaleur naturelle influée du Soleil en cet humide lunaire, et opérante en lui, comme prétendant le Soleil le père et l’auteur de tout mouvement et de toute vie, par conséquent de toute création et production, ce pourquoi Osiris était souvent pris pour le Soleil même, ou l’esprit de son souffle igné ;  comme Isis était aussi prise pour la Lune même, ou l’esprit de son humide radical…

 (Pour rappeler succinctement ce mythe :  le dieu Osiris est tué et démembré – en 14 parties – par le dieu Seth. Son épouse, Isis, contraint le dieu Rê à lui révéler son nom secret, et, désormais en possession des pouvoirs magiques de Rê, re-membre Osiris et lui rend vie).  

On refermera le cercle en citant à présent Dupuis, qui, à la page 64 de son Mémoire explicatif du Zodiaque (édition Courcier de 1806), caractérisant certains aspects de l’astrologie indienne, établit la comparaison suivante entre un mythe lunaire hindou et Isis, nous expliquant ainsi mieux encore la dimension cosmogonique – et dans ce cas-ci, alchimique, c’est moi qui le souligne – de ce mythe :

… La Lune se nommait Tchandren  (ou Tchandra – L.A.T.). On lui donnait 27 femmes, car on la faisait mâle ; d’autres disent 27 filles. On dit que Tchandren ayant été condamné à mort, obtint le droit de renaître après sa dissolution ; ce qui convient parfaitement à la Lune, qui tous les mois après la déperdition successive de sa lumière, renaît encore le mois suivant, et comme Isis rassemble les membres épars de son époux ou, sans figure, les feux ou rayons de lumière que lui envoie le Soleil, son époux Osiris ou O-Souria. Sparsos recolligit ignes …

Ce travail sous les rayons du Soleil reflétés par la Lune, n’est-ce pas en définitive l’Oeuvre au Blanc ?


L.A.T.