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1859 - "La Franc-Maçonnerie en elle-même..." de l'abbé Gyr,



HIRAM DANS...

LA FRANC-MAÇONNERIE EN ELLE-MÊME

Et dans ses rapports avec les autres sociétés secrètes de l’Europe


ABBÉ GYR

Paris, Librairie de P. Lethielleux, 1859


(Page 15)

En méditant attentivement les différents rituels maçonniques, on est frappé tout d'abord de différentes cérémonies et instructions, de projets de vengeance qui ne s'expliquent que par la mort du chef de l'Ordre. Les rites employés pour la réception du grade de Maître sont particulièrement frappants. Or l'histoire ne nous apprend nullement que le chef des corporations maçonniques ait été assassiné par trois membres parjures. Mais en admettant que la légende maçonnique s'applique au chef des Templiers mort sur le bûcher, et que les loges actuelles se proposent de venger la mort de leur Grand-Maître sur les successeurs de Philippe-le-Bel et de Clément V, c'est-à-dire de détruire l'autorité civile et religieuse, tout s'explique jusqu'aux moindres détails. Il n'y a même que cette explication qui soit raisonnable. L'absurdité des autres interprétations données par les écrivains Maçons saute aux yeux du lecteur : elles n'ont évidemment pour but que de donner le change aux crédules. Ainsi, lorsque Ragon veut faire croire que l'assassinat du maître maçon attaché au temple de Salomon, est un emblème de la lutte des deux principes ou du dualisme oriental; lorsqu'il rappelle à cette occasion la mort d'Osiris succombant sous les coups de Typhon, celle d'Athys ou de Mithra, d'Oromuze et d'Adonis; lorsqu'il explique la légende maçonnique par les signes que parcourt l'astre du jour et affirme que les trois premiers compagnons sont les signes inférieurs, les signes d'hiver, ceux qui donnent la mort à Hiram savoir: la Balance, le Scorpion et le Sagittaire, nous éprouvons la plus profonde pitié pour un orateur qui ne rougit pas de débiter de telles absurdités et pour les auditeurs qui ont le courage de les écouter.

Jusqu'à ce que les écrivains des loges nous aient donné une interprétation qui ait le sens commun, nous sommes en droit de maintenir la nôtre revêtue de tous les caractères de probabilité ; nous continuerons à soutenir que les anciennes corporations maçonniques n'ont été perverties que par l'intrusion des Templiers.